Louise Champeau... par elle-même.


J’ai toujours écrit. Cela peut paraître présomptueux, mais j’en ai la preuve dans le Larousse ménager de ma grand-mère.
J’ai trois ans et aligne des bâtons et des zigzags de couleur qui ressemblent à des phrases. Et je me souviens, j’écris.
Deux années plus tard, la maîtresse m’apprend à former des lettres, qui deviennent mots, qui deviennent phrases, qui deviennent histoires inachevées, des soupçons de poèmes, des débuts de romans, des phrases pour rien, pour le plaisir, des journaux intimes envahissent tous les coins de ma chambre.
Car je les cache, c’est mon secret. L’écriture est tellement intime, elle dévoile tellement ses sentiments, ses colères, ses rêves dans la période difficile de l’adolescence, qu’il ne faut surtout pas que les yeux des parents se posent dessus.
Le temps passe, l’écriture s’affine, des rencontres, des lecteurs bienveillants, des critiques opportunes, et la merveille des merveilles.
Une éditrice fait confiance, une troupe de théâtre jeune public commande, des écoles sollicitent.
Trois pièces de théâtre voient le jour, seize livres pour enfants existent, des nouvelles pour adultes font partie d’expériences sur internet.
Et deux fous furieux qui, pour moi, ressemblent au Chapelier fou et au Loir dans la théière sont mes amis de cœur, de pensées, d’idées, me force à continuer, à me dépasser.
L’écriture est moi, depuis mes trois ans, j’en suis intimement persuadée.